Jazzmen de Nicolas Crouzevialle

Jazzmen de Nicolas Crouzevialle

site officiel :
arcima.canalblog.com

du 01/03/2011 au 31/03/2011

GALERIE ARCIMAlien vers appli googlemap
161, rue saint-Jacques
75005 Paris
France

« Le jazz est la révolte de l’émotion contre la répression » Joël A. Rogers

Le dialogue du sonore et du visuel est le moyen d’élargir nos perceptions trop souvent compartimentées. Art abstrait et immatériel par excellence, la musique s’incarne littéralement dans les peintures de Nicolas Crouzevialle qui présentent des portraits de jazzmen tels que Charles Mingus, Duke Ellington, Dexter Gordon, Miles Davis, Thelonious Monk ou encore Gerry Mulligan.
L’artiste transcende le réalisme que requiert le genre du portrait par une technique dont la précision rivalise avec l’intensité de la touche. Le visage de Miles Davis se révèle progressivement dans la couleur et devient une syncope colorée. Assis à son piano, Thelonious Monk est saisi dans un état de concentration inspirée, source d’une nébuleuse lumineuse. Les doigts du musicien glissent sur le clavier laissant s’échapper des dissonances délicates au sein de l’espace pictural.
C’est grâce à une technique délicate et inédite que l’artiste réalise ses portraits à la peinture à l’huile par l’application de différentes couches successives, de glacis et de patines qui créent une transparence et des tonalités surprenantes. Le glacis permet à la lumière de cheminer entre de fines couches et donne à la couleur une intensité et un éclat saisissants. Le spectre coloré se diffracte en nuances variables et fait écho à la voix de Billie Holiday qui imprime son rythme dans l’espace.
A la justesse du rendu des portraits répond en contrepoint l’altération libre de la matière picturale grâce à des huiles et des essences. Leurs projections sur la peinture encore fraîche plongent le spectateur dans un univers qui se fait vibration. Elles perturbent l’ordre des apparences pour se donner comme sensation pure. La matière picturale se dilue à certains endroits, se libère en coulures provoquant un jeu subtil d’opacité et de transparence des surfaces.
Cette altération de la matière engendre une liberté de la touche qui s’exprime telle une improvisation colorée. La lumière jaillit de la profondeur de l’espace pictural et fait vibrer la matière. Dans l’ambiance enfumée d’un club de jazz, le piano d’Hank Jones résonne sous la forme de constellations colorées. Le son, dans un bouillonnement de tonalités ocre, émerge du piano et se propage par un phénomène de dilution de la matière pour illuminer progressivement l’obscurité.
La peinture se fait tactile et sonore dans un processus de métamorphose et d’harmonie subtile où prédomine l’énergie du rythme. Duke Ellington fait corps avec son piano, fusionne littéralement dans une expression colorée allant d’un bleu profond parsemé d’ocre à un rouge éclatant. Musique et peinture souveraines se font vibrations pures.

Véronique Perriol, le 2 mars 2011, Paris.