Hakim Mouhous

Hakim Mouhous

site officiel :
arcima.canalblog.com

du 07/02/2011 au 27/02/2011

GALERIE ARCIMAlien vers appli googlemap
161, rue Saint Jacques
75005 PARIS
France

La galerie Arcima présente
Hakim MOUHOUS
Du 7 février au 27 février 2011

« L'objet réussi c'est l'objet qui était déjà là, mon travail consiste à le rater le moins possible. » Hakim Mouhous

Artiste franco-algérien, Hakim Mouhous, sculpteur, présente un large bestiaire accompagné parfois de figures historiques, culturelles et religieuses telles que : François Ier, les Beatles ou encore la Vierge. Cette prédominance du monde animal ne témoigne pas d’une fascination. Entérinant le principe structuraliste d’une dichotomie entre la nature et la culture, il n’y a aucune naïveté dans ce bestiaire. L’homme, cet être culturel, plonge dans l’inconnu, la nature d’où pourtant il est issu, pour se laisser porter par l’étrangeté. C’est avec une grande virtuosité et un sens aigu de l’observation que l’artiste nous livre des grenouilles ; des gazelles ; des éléphants ; des ours ; des girafes… dont la présence au relief marqué s’incarne dans des volumes ondulant dans le vide.
C’est tout d’abord le dessin qui s’est imposé à l’artiste dont la sculpture peut être conçue comme une libération de la ligne du support qu’est la feuille, pour se développer librement dans l’espace. Le fil de fer s’affirme comme une évidence, pour l’artiste, dans sa capacité à se déployer avec une certaine fluidité et à restituer un mouvement dans une impression d’apesanteur. L’utilisation d’un papier particulier dans ses sculptures est une seconde étape qui trouve son origine dans les décors de théâtre, lorsqu’assistant scénographe au théâtre de l’Odéon, l’artiste confectionnait une voile de bateau. Le papier est dès lors appliqué sur les structures métalliques pour définir des surfaces et des volumes. Il est tout d’abord encollé et renforcé avec de la résine, matière qui sera abandonnée par la suite pour lui préférer la colle à papier murale qui suffit à lui donner une certaine dureté.
Le papier s’assimile, selon les propres mots de l’artiste, à la peau qui est certes l’enveloppe du corps mais littéralement l’interface avec le monde sensible. C’est à Didier Anzieu que l’on doit une compréhension tout à fait originale de la peau avec le concept de « Moi-peau » afin de créer une homologie entre les fonctions du moi et celles de notre enveloppe corporelle, comme mode de résolution des conflits et source d’expériences. Avec le papier, l’artiste ne traduit pas l’ensemble du volume de l’animal, mais définit une nouvelle enveloppe plus intime et expressive, faite de surfaces et de volumes aux circonvolutions parfois complexes. La peau, cette surface sensible et protectrice exprime l’absence de la parole que l’artiste travaille de manière spontanée et délicate. La colle peut être lue d’ailleurs sur le mode de la réparation, car elle est une façon de réparer la peau. L’écriture, qui parsème parfois discrètement les socles de ses sculptures, se donne tel un secret, des pensées libérées gravées dans la matière.
Les différentes patines appliquées sur le papier, correspondent certes à des périodes de créations par l’emploi du bitume, de l’acrylique, de la crème de ferronnerie, mais confèrent à ses fragiles surfaces des volumes qui se dessinent dans le vide. La patine engendre parfois des informations paradoxales : fragilité au touché, dureté au regard, principalement avec la crème de ferronnerie à base de graphite créatrice de reflets métalliques. Entre opacité et transparence, la sculpture se métamorphose sous l’effet de la lumière qui filtre plus ou moins à travers les surfaces, se reflète dans des tonalités étonnantes. L’artiste nous offre ainsi une vision quasi magique de l’animal pris en plein mouvement, parfois dans une course effrénée telle une apparition.
Véronique Perriol, Paris, le 9 février 2011.