Secrets d'Atelier

Secrets d'Atelier

site officiel :
Galerie Bertrand Trocmez

du 19/11/2022 au 10/12/2022

GALERIE BERTRAND TROCMEZlien vers appli googlemap
9 rue Philippe Marcombes
63000 Clermont Ferrand
France

Oeuvres sur papier de Jean Hélion, Henri Jannot, C Pla Molnar,Francis Picabia, Pierre Tal Coat

Le dévoilement par le dessin

Avec l’exposition Secrets d’atelier, la galerie Bertrand Trocmez reconnue pour son travail autour de l’abstraction revient à ses premières amours - Jean Hélion, Henri Jannot - et fait la part belle à la figuration de l’entre-deux-guerres.

Cette exposition nous plonge dans l’intimité des peintres et nous donne à voir la mise en forme de l’idée par le dessin en présentant des remarquables feuilles de Jean Hélion, Henri Jannot, Pierre Tal Coat, Pàl C. Molnar et Francis Picabia. Au XXe siècle la place du dessin est complexe et ambigüe. Au fur et à mesure on voit le dessin s’imposer à la peinture, s’approprier ses modes pour aspirer à en être l’égal. Cézanne le premier interroge la notion de fini et les relations traditionnelles entre peinture et dessin. Pour lui la conception ne peut précéder l’exécution puisque les expressions sont la traduction d’une idée claire. La conception et la réalisation ne font qu’un, le dessin et la peinture sont une même œuvre, il affirme : « Le dessin et la peinture ne sont plus des facteurs différents, tel que l’on peint, on dessine : plus il y a d’harmonie dans les couleurs, plus précis devient le dessin... »

C’est particulièrement lisible dans cette exposition dans la grandiose série de dessins, plumes, sanguines et aquarelles qui retracent toute la carrière de Jean Hélion où on voit son passage d’une peinture abstraite et géométrique vers une peinture figurative de visages, de scènes de rue, de nus. Une magnifique feuille de ces Secrets d’atelier est un Nu assis accoudé de 1949 où le thème initial est celui de « Fille Temple ». Le maître édifie le corps comme une architecture : jambes et bras se muent en colonnes, cuisses et seins en chapelles. La tête enveloppée par les cheveux s’impose comme un fronton.
En partant d’une idée l’artiste découvre un concept et arrive à une représentation structurelle de l’œuvre. Le premier jet intuitif traduit une réalité, une expression, une révélation, une confession. C’est dans l’état latent du dessin, dans ces premières touches, ces premières lignes, cette simple ébauche, ce repentir, cette reprise d’un détail... que l’œuvre finale se dévoile déjà. Au fur et à mesure, on voit le dessin s’imposer à la peinture, s’approprier ses modes pour aspirer à en être l’égal.

Ceci est aussi remarquable dans les dessins tout en légèreté d’Henri Jannot. Ici Portraits, Baigneuses,
Déjeuner sur l’herbe font la part belle à la tradition qui marque un certain « retour à l’ordre » des années 1930.
Jannot qui est membre du groupe Forces Nouvelles fondé en 1935 par le peintre et poète Henri Héraut prône le « retour au métier consciencieux de la tradition dans un contact fervent avec la nature. » Marqué par les expositions de 1934, Les peintres de la Réalité en France au XVIIe au Musée de L’Orangerie et celle des Frères Le Nain au Petit Palais, Jannot avec ces amis Humblot, Lasne, Pellan, Rohner, Héraut et Tal Coat, sont en réaction aussi bien contre l’Impressionnisme, le Cubisme que l’imagerie surréaliste. C’est d’ailleurs l’objectivité marquée par un dépouillement hiératique qui frappe dans les très beaux dessins au crayon présentés ici.
Dans cette continuité il faut s’arrêter sur la précieuse feuille de Pierre Tal Coat qui présente une femme allongée sur le dos. C’est l’une des études de la merveilleuse huile sur toile de 1933 Femme au bol cassé, nouvelle jeune fille en fleur alanguie sur la plage, conservée au Musée des Années 1930 de Boulogne Billancourt. On note qu’au début de sa carrière, dans sa démarche figurative, Tal Coat comme ses collègues de Forces Nouvelles, reconnaît l’importance du dessin, du trait contour, du sens du raccourci, de l’utilisation subtile de la réserve de la feuille, du non-finito, et surtout de l’étude des maîtres anciens.

De son côté, avec son outrageante et audacieuse facilité, Francis Picabia signe en une arabesque exquise
la lascive figure d’un Nu féminin à l’époque de ses fameuses illustrations pour la revue Littérature.

Une autre pièce mérite à elle seule la visite de l’exposition à la Galerie Bertrand Trocmez ! C’est un charmant dessin cubisant de l’artiste hongrois C. Pàl Molnar où une liseuse est surprise par un beau jeune homme. Cette feuille où la lumière est posée subtilement en légers coups de fusain éblouit pour devenir authentique Annonciation et rappelle que le livre a été introduit dans l’art par la Vierge penchée sur un recueil au moment où l’ange Gabriel s’approche d’elle. Cette image symbolise parfaitement la pertinence du titre de cette exposition car c’est véritablement au dévoilement par le dessin que nous convoquent toutes les riches feuilles présentées dans ce Secrets d’atelier.

Renaud Faroux, Paris, Octobre 2022

Horaires :
ouvert du mardi au samedi
de 10 h à 12 h et de 15 h à 19 h
Vernissage vendredi à partir de 18 h

Accès :
Parking Cathédrale à 50 M

Tarif :
Gratuit

Contact :
Bertrand Trocmez
06 60 82 59 54 - 04 73 90 97 97