Nature - Nature

Depuis l’ascension du mont Ventoux par Pétrarque aux bus interplanétaires qui nous sont promis, d’une nature devenue une vaste aire de jeu ou un éden sur papier glacé. Les étiquettes BIO nous donnent l’assurance qu’elle existe puisque nous en avons parfois les échantillons d’une nature retrouvée originelle au fond de nos assiettes. Nous poserons la question de ce qu’elle représente aujourd’hui?
Que nous dit le champ artistique de cette nature? Au travers de cette première exposition nous exposerons la vison que nous en donne une dizaine d’artistes.

Mahé Boissel propose un souvenir des Montanyas Régalat, les dents du Canigou pays de son enfance. Symbole fort pour les catalans de part et d’autre de la frontière. Rémanence de son enfance où  se joue une nature dure ne laissant pas de place à l’homme. Nature d’avant l’ascension et après la chute.

Ken Denning vit dans le Jutland, pays plat bordé de chaque côté par la mer. Les seules verticales viennent des arbres. Les horizontales des routes, les lumières du ciel changeant rapidement. Ces paysages sont reconstitués en atelier, poussés à l’abstraction et rythmés par la musique de Bach écoutée en boucles incessantes. Cette nature dit l’essence même de son pays et de ce léger ennui au bon sens du terme que l’on retrouve dans toute la tradition de la peinture nordique jusqu’à Hammershoi.

Lionel Guibout avec une technique poussée rend compte en inversant le proche et le lointain des paysages qu’il parcourt. D’un détail il fait un paysage et d’un paysage il arrive à le réduire à un détail sans jamais perdre le pouvoir de suggestion que la nature nous procure.

Isabelle Grangé ne s’intéresse qu’aux limites. Paysages imaginaires d’un monde encore naissant sans humain mais où légendes pourraient se réaliser ou donner ce monde dans lequel on vit.
Rien n’est décidé. Le travail se fait à plat : l’eau coule, s’évapore et dépose les pigments. Lente alchimie qui a fait émerger il y a des millions d’années les 1ère terres de l’océan primordial.

Lucas Weinachter nous dit une nature entre ombre et lumière, comme des clichés anciens sur verre en noir et blanc. Il nous propose une nature radicale issue de notre enfance, dans laquelle seul des combats titanesques peuvent être menés.

Enfin François Weil.
Dans ses sculptures, la nature est cette part que les blocs de pierres choisis sous le pas ont de cette mémoire géologique au toucher.
Il soulève les montagnes, se joue de la gravité. Il en reste une puissance infinie. Les blocs de pierres tournent, vacillent, tremblent. Nous pouvons nous aussi d’une pichenette faire bouger les montagnes ou les observer dans leur moindre détail. Ce n’est pas une reconstitution mais leur réalité, la partie valant pour le tout.